Auteur: Pathul
La
liberté et la condition sociale des familles
Initialement cantonné au jargon des techniciens du
secteur psycho-médico-social, le « soutien à la parentalité » est entré depuis
peu dans le vocabulaire des médias, via la page des faits divers et de
l’actualité politique. Le « soutien à la parentalité » fait, en effet, l’objet
d’une politique publique, initiée par le gouvernement de la Communauté française, à
la suite de drames fortement médiatisés qui impliquaient des jeunes dont le
comportement semblait trahir une démission parentale. Ce faisant, le « soutien
à la parentalité » a cessé d’être seulement une affaire de spécialistes, pour
devenir l’enjeu d’un débat de société ayant une portée politique et
idéologique.
Rarement
défini, le mot « parentalité » fait lui-même problème.
Il est
devenu un néologisme commode pour désigner conjointement différentes
composantes de l’expérience parentale : la relation affective des parents et de
leurs enfants, les devoirs des premiers vis-à-vis des seconds, tels que la loi
et la morale commune les déterminent, la fonction sociale exercée au quotidien
par les parents lorsqu’ils s’occupent de leurs enfants.
A travers l’idée d’un soutien à la fonction parentale, ce
sont l’ambivalence et les ambiguïtés de nos sociétés à l’égard des parents et
de l’aide qui s’expriment conjointement.
Le besoin de soutenir les parents évoque autant
l’affaiblissement du rôle parental (faillite de l’éducation, perte de repères,
démissions, incompétences…) que l’aspiration à son renforcement (à travers un
regain de prestige, d’efficience, d’autorité, etc.).
De son côté, le projet d’un soutien, loin d’apparaître
comme une aide désintéressée, un secours, un geste solidaire, sollicité et
librement consenti, ressemble plutôt à une assistance imposée, qui oblige et
qui contrôle quand elle ne sanctionne et ne stigmatise pas.
Le plan d’action adopté, en
2006, par le gouvernement de la
Communauté française a, quant à lui, opté pour une approche
fonctionnelle visant l’optimalisation de l’utilisation des services existants
dans les secteurs de l’Enfance, de l’Aide à la jeunesse, de la Santé , de l’Enseignement, du
Sport et de la Culture. Ce
renforcement de la transversalité et de la diffusion des informations s’est
notamment concrétisé par la mise en place d’un site Internet dédié aux
professionnels (www.parentalité.cfwb.be).
Si nul ne peut critiquer la volonté d’améliorer les
services existants et la circulation de l’information, cette volonté n’est pas
suffisante pour fonder la politique éducative dont la société a besoin et dont
la vie familiale est un aspect parmi d’autres. En ce qui concerne cette
dernière, sans doute serait-il opportun de garder à l’esprit deux principes.
L’éducation familiale fait partie de la sphère privée de
l’existence. En tant que telle, elle est un élément de la liberté individuelle.
A ce titre, une intervention de l’autorité publique, de ses valeurs et de ses
techniques psycho-médico-sociales, n’est légitime que si la santé physique et
mentale de l’enfant est en danger du fait de l’attitude des parents.
L’émotion collective, qu’elle soit suscitée ou non par
les médias, est rarement bonne conseillère. Elle véhicule, incognito, préjugés,
conformisme social et, bien souvent, une représentation très partielle des
problèmes comme des solutions. Elle conduit tout droit à des discours
moralisateurs qui tiennent lieu de politique. Dans ces conditions, sans doute
serait-il préférable de partir de l’analyse des conditions sociales dans
lesquelles la parentalité s’exerce pour, sur cette base, procéder à la
recherche rationnelle des moyens permettant de les améliorer.
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