mercredi 8 août 2012

Le soutien à la parentalité : un aperçu du pourquoi






 
Auteur: Pathul

La liberté et la condition sociale des familles

Initialement cantonné au jargon des techniciens du secteur psycho-médico-social, le « soutien à la parentalité » est entré depuis peu dans le vocabulaire des médias, via la page des faits divers et de l’actualité politique. Le « soutien à la parentalité » fait, en effet, l’objet d’une politique publique, initiée par le gouvernement de la Communauté française, à la suite de drames fortement médiatisés qui impliquaient des jeunes dont le comportement semblait trahir une démission parentale. Ce faisant, le « soutien à la parentalité » a cessé d’être seulement une affaire de spécialistes, pour devenir l’enjeu d’un débat de société ayant une portée politique et idéologique.
Rarement défini, le mot « parentalité » fait lui-même problème.
Il est devenu un néologisme commode pour désigner conjointement différentes composantes de l’expérience parentale : la relation affective des parents et de leurs enfants, les devoirs des premiers vis-à-vis des seconds, tels que la loi et la morale commune les déterminent, la fonction sociale exercée au quotidien par les parents lorsqu’ils s’occupent de leurs enfants.
A travers l’idée d’un soutien à la fonction parentale, ce sont l’ambivalence et les ambiguïtés de nos sociétés à l’égard des parents et de l’aide qui s’expriment conjointement.

Le besoin de soutenir les parents évoque autant l’affaiblissement du rôle parental (faillite de l’éducation, perte de repères, démissions, incompétences…) que l’aspiration à son renforcement (à travers un regain de prestige, d’efficience, d’autorité, etc.).
De son côté, le projet d’un soutien, loin d’apparaître comme une aide désintéressée, un secours, un geste solidaire, sollicité et librement consenti, ressemble plutôt à une assistance imposée, qui oblige et qui contrôle quand elle ne sanctionne et ne stigmatise pas.
Le plan d’action adopté, en 2006, par le gouvernement de la Communauté française a, quant à lui, opté pour une approche fonctionnelle visant l’optimalisation de l’utilisation des services existants dans les secteurs de l’Enfance, de l’Aide à la jeunesse, de la Santé, de l’Enseignement, du Sport et de la Culture. Ce renforcement de la transversalité et de la diffusion des informations s’est notamment concrétisé par la mise en place d’un site Internet dédié aux professionnels (www.parentalité.cfwb.be).
Si nul ne peut critiquer la volonté d’améliorer les services existants et la circulation de l’information, cette volonté n’est pas suffisante pour fonder la politique éducative dont la société a besoin et dont la vie familiale est un aspect parmi d’autres. En ce qui concerne cette dernière, sans doute serait-il opportun de garder à l’esprit deux principes.
L’éducation familiale fait partie de la sphère privée de l’existence. En tant que telle, elle est un élément de la liberté individuelle. A ce titre, une intervention de l’autorité publique, de ses valeurs et de ses techniques psycho-médico-sociales, n’est légitime que si la santé physique et mentale de l’enfant est en danger du fait de l’attitude des parents.
L’émotion collective, qu’elle soit suscitée ou non par les médias, est rarement bonne conseillère. Elle véhicule, incognito, préjugés, conformisme social et, bien souvent, une représentation très partielle des problèmes comme des solutions. Elle conduit tout droit à des discours moralisateurs qui tiennent lieu de politique. Dans ces conditions, sans doute serait-il préférable de partir de l’analyse des conditions sociales dans lesquelles la parentalité s’exerce pour, sur cette base, procéder à la recherche rationnelle des moyens permettant de les améliorer.

 

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